2024 marque le trentième anniversaire de l’Eurostar, le service ferroviaire qui relie Londres à Paris et à Bruxelles.
Le tunnel sous la Manche, par lequel les voyageurs passent, a accueilli ses premiers utilisateurs payants en novembre de 1994.
Selon The Guardian, les applaudissements ont accueilli le premier train de 28 millions d’euros lorsqu’il a quitté Waterloo, puis lorsqu’il est rentré dans le tunnel dans le Kent, et enfin à son arrivée à Calais, 18 minutes plus tard, un nouveau record.
Malgré de nombreux retards durant la construction du tunnel et des problèmes lors des tests, l’Eurostar est considéré comme un élément majeur de l’histoire du transport en Europe.
Il a été pendant longtemps le moyen de transport le plus pratique et confortable pour les Britanniques vers l’Europe.
Cependant, ces dernières années, Eurostar a dû faire face à plusieurs défis comme le Brexit, la pandémie de Covid-19, des grèves et une concurrence menaçante.
Ainsi, on peut se demander comment l’Eurostar va se projeter dans le futur. L’entreprise est-elle en phase terminale?
Eurostar peine à s’adapter à la bureaucratie post-Brexit
Le Brexit a apporté son lot de problèmes pour l’Eurostar.
Dû à la sortie du Royaume-Uni de l’UE, l’obligation a été mise en place pour le timbre des passeports britanniques aux frontières. À la gare St Pancras de Londres, d’où part l’Eurostar, cette opération est devenue complexe.
Pour commencer, en raison de l’absence de personnel suffisant et de la complexité des nouvelles règles, les passagers ont eu du mal à embarquer à l’heure.
Par conséquent, alors que le premier train du jour entre Londres et Paris peut contenir jusqu’à 900 personnes, l’Eurostar ne vend plus que 550 tickets. Cela signifie que 350 places restent invendues.
L’été dernier, pour remédier à cette situation, l’Eurostar a lancé un système SmartCheck qui utilise la reconnaissance faciale pour remplacer les contrôles manuels à la sortie du Royaume-Uni. Cependant, cette option n’est disponible que pour les passagers Business Premier et Carte Blanche d’Eurostar.
Pour ceux qui optent pour le service, il leur faut scanner à la fois leur passeport et leur visage via l’application SmartCheck iProov.me, qui est un fournisseur de solutions biométriques, avant d’embarquer.
Les voyageurs qui ont accompli cette opération peuvent ensuite emprunter un couloir SmartCheck spécifique équipé d’un point de contrôle biométrique facial de type walk-pass.
Cela leur a permis de ne plus limiter le nombre de passagers, grâce à l’augmentation des ressources policières. En effet, 50 agents de contrôles frontaliers supplémentaires ont été affectés aux gares de Paris Gare du Nord et de Londres St Pancras, selon l’Eurostar.
Comment le Brexit a impacté la liaison Amsterdam-Londres de l’Eurostar
Les contrôles frontaliers ont également eu des répercussions sur la ligne avec Amsterdam, qui devrait être perturbée pendant six mois cette année.
En effet, la gare Centrale de la capitale néerlandaise est en cours de rénovation, ce qui signifie qu’il n’y aura pas assez de place pour l’équipement de sécurité aux frontières et les zones d’attente coté passagers.
De ce fait, Eurostar va réduire ses trains de la ligne Amsterdam-Londres de quatre à trois par jour à partir de juin et jusqu’au début de 2025.
Les voyageurs qui reviennent à Londres devront changer de train et prendre un autre à Bruxelles où ils pourront subir les contrôles de sécurité et de passeport. Ce changement sera une perte de temps pour les voyageurs, qui devront rajouter entre 48 minutes et une heure et 48 minutes à leur temps de trajet, car les services à destination du Royaume-Uni traverseront la frontière.
Par contre, certains services qui avaient été suspendus sont rétablis, comme le service Eurostar Snow entre Londres et les Alpes, qui a accueilli plus de 4000 passagers cet hiver.
Post-Brexit, Eurostar pourrait devoir limiter ses services à cause de contrôles biométriques à la frontière
Le dernier obstacle post-Brexit pour l’Eurostar est le nouveau système d’entrée-sortie de l’UE (EES) qui doit entrer en vigueur en octobre. Ce système prévoit des contrôles biométriques pour les citoyens non européens avant d’entrer dans la zone internationale de la gare de Londres St Pancras.
Ces nouvelles règles entraîneront probablement de longues files d’attente, a averti HS1, le propriétaire de la gare de St Pancras et l’opérateur de la ligne à grande vitesse entre Londres et le tunnel sous la Manche.
Cela pourrait conduire à une nouvelle diminution des services et du nombre de passagers, a ajouté la société.
Le gouvernement français a prévu un nombre insuffisant de comptoirs, ce qui signifie qu’Eurostar pourrait avoir du mal à gérer l’afflux actuel de passagers.
« Nous avons proactivement établi des prévisions pour évaluer précisément nos besoins dans toutes les gares. Nous prévoyons donc d’installer environ 65 bornes de pré-enregistrement dans nos terminaux de St Pancras à Londres et de la Gare du Nord à Paris « , a déclaré un porte-parole d’Eurostar à ExPocanyons.
« Nous renforçons également significativement la capacité de contrôle aux frontières avec des cabines manuelles et des portiques électroniques supplémentaires dans les deux gares. Eurostar a investi environ 10 millions d’euros dans le déploiement de solutions pour se conformer à ces nouvelles réglementations ».
Les rivaux d’Eurostar du tunnel sous la Manche pourraient réduire les frais des voyageurs
Eurostar doit également faire face à la concurrence sur sa ligne ferroviaire trans-Manche.
A la fin de l’année 2023, la nouvelle entreprise de trains à grande vitesse, Evolyn, prévoit d’acheter 12 trains pour assurer la liaison entre Londres et Paris.
Ce nouvel acteur du transport ferroviaire, originaire d’Espagne et soutenu par des investisseurs discrets, envisage un lancement en 2025. Ce serait alors la première fois en 30 ans qu’Eurostar ferait face à un concurrent sur la traversée de la Manche.
En outre, le groupe Virgin, créé par le milliardaire Richard Branson, pourrait également contester le monopole d’Eurostar.
Alors que le projet n’est qu’à ses débuts, il envisage de connecter Londres avec Paris, Bruxelles et Amsterdam.
Dès 2028, Heuro, une nouvelle compagnie ferroviaire, proposera une option supplémentaire pour voyager entre Amsterdam, Paris et Londres, en concurrence avec l’Eurostar.
« L’objectif est de réduire les tarifs et encourager un plus grand nombre de voyageurs à préférer le train à l’avion », a déclaré Roemer van den Biggelaar, fondateur de l’entreprise néerlandaise, lors d’une interview avec RailTech.
Heuro prévoit d’offrir 16 trajets quotidiens entre Amsterdam et Paris et 15 trajets quotidiens entre Amsterdam et Londres.
Les grèves de l’Eurostar perturbent les fêtes de fin d’année
La réputation d’Eurostar a été ébranlée suite à une grève inattendue du personnel français d’Eurotunnel juste avant Noël 2023, compromettant les plans de vacances de milliers de Britanniques.
Cette grève, motivée par des revendications sur les bonus et les conditions de travail, a entraîné la redirection de certains trains vers Paris et laissé des milliers de voyageurs sans solution.